Charles Drelincourt

Les consolations de l’âme fidèle contre les frayeurs de la mort

Epître dédicatoire

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L’épître dédicatoire à l’attention d’Amalie Elisabeth von Hanau-Münzenberg (1602-1651) peut paraître étrange au lecteur moderne. Elle montre que l’auteur est bel et bien un homme du XVIIe siècle, époque où l’on avait encore une considération extrêmement haute pour les autorités civiles, investies par Dieu de la conduite des affaires terrestres. Drelincourt semble en effet considérer que la « landgrave » de Hesse-Cassel possède au plus haut point toutes les vertus chrétiennes. Il est difficile de savoir jusqu’à quel point l’auteur obéit aux exigences du genre littéraire, mais Drelincourt paraît effectivement avoir beaucoup d’estime pour sa protectrice. Celle-ci est gravement malade (et morte moins d’un an après la rédaction de l’épître), ce qui en fait une destinataire assez naturelle pour un livre qui cherche à préparer son lecteur à la mort. Le lecteur protestant, familier de la doctrine de la dépravation totale de l’homme, peut se demander si Drelincourt n’embellit pas excessivement le portrait de la princesse, mais il ne faut pas oublier que ces huguenots, malgré leur orthodoxie scripturaire, ne sont pas des hommes du Réveil et ont une conception du christianisme plus organique que celle que véhiculera le christianisme évangélique. On n’insiste pas sur le besoin de conversion, mais on exhorte à la vertu.

C’est intéressant de noter que dans sa réédition des Visites charitables de Drelincourt de 1731, Jean-Baptiste Brutel de la Rivière (1669-1742) écrit, en s’adressant à M. Vanrobais de Ryxdorp, dont il se dit le « très humble et très obéissant serviteur et neveu » :

« Si je suivais le style des Epîtres Dédicatoires, j’essaierais de faire votre éloge. J’aurais un grand champ ouvert. Je pourrais avancer sur votre sujet bien des vérités honorables, sur lesquelles sûrement j’aurais l’aveu et l’approbation de tous ceux qui vous connaissent. Mais, outre que je sais, à n’en pouvoir douter, que ce serait le vrai moyen de vous déplaire, j’ai considéré qu’un éloge serait mal placé à la tête d’un livre où l’infirmité humaine est représentée sous toutes ses faces et par les endroits les plus humiliants … »

On mesure le chemin parcouru en 80 ans ; on est bien plus près de notre sensibilité moderne.

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