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1 Saison qui viens à nous, l’œil riant, les mains pleines,
2 Été, qui chaque jour prends des charmes nouveaux,
3 J’admire tes habits, si brillants et si beaux,
4 Les fruits de tes jardins, les troupeaux de tes plaines,
5 La fraîcheur de tes bois, l’ardeur de tes arènes
6 L’azur de ton lambris, le cristal de tes eaux,
7 La pompe [1] de tes champs, l’orgueil de tes coteaux,
8 Et de tes doux zéphires les subtiles haleines.
9 Je suis ravi, surtout, du sort des laboureurs,
10 À qui tu fais cueillir, après mille sueurs,
11 La riche moisson d’or que le ciel leur envoie.
12 Je sème, je travaille et je pleure ici-bas,
13 Mais je dois, dans les cieux, recueillir, avec joie,
14 L’abondance des biens qui suivent le trépas.
Annotations de Drelincourt :
Ligne 5 : On sent surtout cette ardeur dans l’Arabie déserte, et dans la Lybie.
Ligne 8 : Petits vents sains et agréables nommés « Zéphires », c’est-à-dire : « qui donnent la vie ».
Ligne 12 : « Semons en cette vie, pleine de larmes », dit St Augustin. Que sèmerons-nous ? Les bonnes œuvres. Cette vie est une vallée de larmes, où nous semons en pleurant. Mais dans la patrie céleste, nous moissonnerons avec joie le fruit de la semence, la couronne de la joie et de l’allégresse.
[1] le faste, la magnificence
[2] Je pense qu’il s’agit d’une allusion au sermon 358/A de St Augustin (de bono misericordiae) : « … Ergo non deficiamus: cum lacrimis seminamus, id est de labore et dolore. In opere itaque misericordiae non deficiatis: recipietis enim mercedem seminis vestri. … » Ce passage semble se fonder à son tour sur Ps 126.6.
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