Esprit Fléchier naît le 10 juin 1632 à Pernes-les-Fontaines près d’Avignon, dans le Comtat Venaissin, « d’une honnête famille, mais appauvrie et réduite au petit commerce ».
En 1648, il entre dans la congrégation des prêtres de la doctrine chrétienne (aussi connus sous le nom « Doctrinaires ») dont son oncle maternel, Hercule Audiffret (1603-1659), est alors le supérieur général.
L’étudiant, entre autres au collège de Tarascon, devient enseignant ; il enseigne notamment la rhétorique à Narbonne et se fait remarquer en 1659, en donnant l’oraison funèbre de M. Claude de Rebé (1587-1659), archevêque de Narbonne. La maladie et la mort de son oncle Hercule le font monter à Paris. Il souhaite y rester ; comme ses supérieurs ne l’y autorisent pas, il quitte la congrégation des Doctrinaires, mais, comme le dit Sainte-Beuve, « en se déliant avec douceur, comme ce sera toujours sa façon et sa méthode, en emportant et en laissant les meilleurs souvenirs ! ».
Simple catéchiste de la paroisse de Saint-Roch, il fait la connaissance de Valentin Conrart (1603-1675), le secrétaire perpétuel de l’Académie française, qui détecte son talent et le présente à Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier (1610-1690) qui à son tour le recommande à la grande autorité littéraire de l’époque, Jean Chapelain (1595-1674). C’est la période mondaine de Fléchier ; il fréquente l’Académie des orateurs de Jean de Richesource (1616-1694) et le salon de Catherine de Rambouillet (1588-1665) qui est alors sur le déclin.
Fléchier écrit alors surtout des vers latins. En 1660, il envoie une pièce sur la paix de Pyrenées (Carmen eucharisticum) au cardinal Mazarin ; en 1661, il rédige une poésie sur la naissance du Dauphin (Genethliacon). Mais c’est surtout une poésie latine de 1662, consacrée au caroussel royal (Cursus regius), qui le fait connaître.
C’est en cette année que Fléchier entre dans la maison de Louis François Le Fèvre de Caumartin (1624-1687), maître des requêtes, pour être le précepteur de son fils, Louis Urbain (1653-1720). En 1665 il accompagne la famille à Clermont-Ferrand où se tiennent les Grands-Jours d’Auvergne, une forme de tribunal exceptionnel par lequel Louis XIV cherche à rétablir l’ordre et la paix civile tout en rétablissant son autorité. Fléchier rédigera les mémoires de ces événements à la demande de la famille Caumartin.
Ses sermons, et surtout ses oraisons funèbres contribuent à forger sa réputation et lui valent une place dans la haute société. En 1668, il devient notamment lecteur du fils aîné de Louis XIV, Louis de France (1661-1711).
En 1672 il donne l’oraison funèbre de Madame de Montausier et cette prestation lui vaut d’être reçu à l’Académie française en 1673, en même temps que Jean Racine (1639-1699) et l’abbé Jean Gallois (1632-1707). Son discours est un grand succès, au point de troubler Racine, qui doit parler après lui et qui, du coup, passe presque inaperçu.
Fléchier produit des éloges funèbres remarquées à l’occasion du décès de la duchesse d’Aiguillon et du vicomte de Turenne en 1675.
En 1676, Louis XIV lui octroie l’abbaye de Saint-Séverin (Seine-et-Marne) et le nomme aumônier de l’épouse du Dauphin, Marie Anne Victoire de Bavière (1660-1690).
En 1679 on publie son histoire de Théodose le Grand, rédigée à l’attention de Louis de France.
En 1682, au lendemain de l’Assemblée du clergé, Fléchier prêche l’avent pour la cour, qui apprécie.
Il est reçu docteur en Sorbonne en 1685. En cette année, qui est aussi celle de a révocation de l’Edit de Nantes, il voyage en Bretagne avec la mission de prêcher aux huguenots. Plus tard, toujours en 1685, il est nommé évêque de Lavaur (Midi-Pyrénées), mais il n’y reste pas longtemps, car en 1687 on lui confie l’évêché de Nîmes. Fléchier accepte, mais nous sommes en possession d’une lettre dans laquelle il implore le roi de le laisser poursuivre son travail à Lavaur.
Nîmes est alors une ville difficile, car peuplée de beaucoup de réformés ayant été obligés d’abjurer leur foi. Il semblerait que Fléchier ait fait preuve de bienveillance à l’égard des protestants.
Comme l’écrit Emanuèle Lesne-Jaffro, le vieil évêque « assiste, sans le comprendre, à l’embrasement des Cévennes et du Languedoc ».
Esprit Fléchier meurt le 16 février 1710 à Nîmes, à l’âge de 67 ans. Il laisse derrière lui un grand nombre d’écrits, dont les plus célèbres sont probablement ses panégyriques (sermons faisant l’éloge d’un saint) et ses oraisons funèbres.
Il est représenté sur la fontaine Saint-Sulpice à Paris, ensemble avec trois autres évêques orateurs : Bossuet (1627-1704), Fénélon (1651-1715) et Massillon (1663-1742).
Sources principales :