Raymond Gaches naît à Castres (Tarn) vers 1615 [1]. Son père est Jacques Gaches (1574-1651), avocat et juge du comté de Lacaze (Tarn) [2], sa mère s’appelle Esther Gras (1582-1629).
Il fait des études de théologie à l’Académie de Montauban (on trouve des traces de sa présence en 1634). Le 1er novembre 1640, Gaches épouse [3] Isabeau de Vignaux (1627-1669), fille de David de Vignaux, juge et magistrat à Mauvezin (Gers) [4]. Il est alors déjà pasteur à Saint-Affrique (Aveyron). Dans cette fonction, il a pour collègue Jean Claude (1619-1687) à partir de 1646.
En 1649, il est nommé ministre à Castres [5]. Il est par ailleurs membre fondateur de l’Académie de la ville.
La réputation qu’il acquiert comme prédicateur lui vaut un appel de l’Église de Paris, pour remplacer Edmé Aubertin (1595-1652). En 1654, il prêche à Charenton à plusieurs reprises [6], puis il devient titulaire de cette Église au cours de la seconde moitié de l’année. Il reste pasteur à Charenton jusqu’à sa mort [7]. Il y contribue aussi à la formation des futurs pasteurs, notamment en ce qui concerne la prédication [8].
En mars 1657, Gaches participe à une « conférence » (une dispute publique) avec un certain Guillaume Martin, docteur en médecine, et apparemment ancien pasteur converti au catholicisme, au sujet de la vocation des ministres [9].
C’est aussi une année de deuils : Gaches perd deux de ses collègues en un mois, à savoir Michel Le Faucheur [10] (né en 1585) le 5 avril et Jean Mestrezat (né en 1592) le 2 mai. Le 14 octobre de cette même année, Gaches consacre [11] Isaac Sarrau, sieur de Boinet (1634-1713) comme pasteur de Nanteuil-lès-Meaux (Ile de France) [12].
Un peu plus plus tard, en 1658, l’Église de Charenton envoie Gaches et l’ancien Antoine de Massanes (né en 1613) pour adresser un appel, à Pierre du Bosc (1623-1692) mais celui-ci décline la proposition et reste à Caen [13].
En 1661, Gaches tombe sérieusement malade et doit se faire remplacer pendant six mois par son collègue Drelincourt pour les visites des pauvres et malades.
Le 17 juillet 1663, à l’initiative de Mlle Aumale de Ventadour [14], Gaches a une autre « conférence » avec le père oratorien Toussaint-Joseph-Guy Desmares chez la marquise de Sablé [15].
Gaches meurt relativement jeune, en novembre 1665 [16]. Son inhumation a lieu le 11 novembre. C’est Alexander Morus qui préside aux funérailles. Jean Claude remplace Gaches au Temple de Charenton en 1666.
Sa femme Isabeau ainsi que trois filles et trois fils le survivent.
Outre une vingtaine de sermons, dont la plupart sont rassemblés dans le recueil Seize sermons sur divers textes de l’Écriture sainte (1660) Raymond Gaches a laissé un traité de préparation à la Sainte Cène et un certain nombre de traductions du grec et du latin et des vers [17].
NB : Il y a une rue Raymond Gaches à Castres.
Sources principales
Annotations
[1] O. Douen, La révocation de l’Édit de Nantes à Paris d’après des documents inédits, Tome 1, 1894, p. 235 semble retenir une date ultérieure (1620), car il dit que Gaches est mort en 1665, à l’âge de 45 ans. Mais la présence de Gaches à Montauban en 1634 et son mariage en 1640 plaident contre cette date de naissance tardive.
[2] Voir Charles Pradel, Mémoires de Jacques Gaches sur les guerres de religion à Castres et dans le Languedoc, 1555-1610, Paris, Fischbacher, 1879, p. VIII
[4] Le couple semble avoir eu un assez grand nombre d’enfants. Sur geneanet.org, on trouve des noms et dates suivants. Naissent à Saint-Affrique : Anne (1645-1679), Pierre Gaches (1647), Raymond (1648-1683), Paule (1649), à Castres : Marie (1652-1668),, et à Paris : Esther (1655- ?), Élisabeth (1657), Henry (1658-1699), Antoine (1659), Charlotte (1660), Jean Jacques (1665-1699) et Olympe (1665- ?). Ces données sont souvent peu précises. Nous savons qu’Anne a épousé Pierre de la Courrège, avocat au parlement de Guyenne et que celui-ci s’est remarié en 1678 suite au décès de sa première épouse. Il semble donc exclu qu’Anne soit morte en l’an 1679.
[5] Je ne sais pas trop quoi faire de la mention de Gaches par J. Pannier, L’Église réformée de Paris sous Louis XIII, Honoré Champion, Paris, 1931, p. 274 qui évoque un premier appel que Charenton aurait adressé à Gaches … en 1624 ! « Il semble qu’à la fin de 1624, le Consistoire ait désiré s’assurer le concours de l’éloquent pasteur de Castres, « avec ce visage gay et ouvert, et cet esprit libre, qui luy fait trouver toutes choses faciles », R. Gaches, mais cet appel de devait être couronné de succès qu’après avoir été renouvelé beaucoup plus tard. Pour le moment il n’y fut pas donné suite, on pria en vain la duchesse de Rohan de joindre ses instances à celles du Consistoire, elle tint à expliquer à un consul de Castres son abstention : « Pour M. Gaches il est vray que c’est une personne que l’on a jugé très nécessaire à une Esglise qui est exposée aux premiers esforts du monde contre notre profession, et qu’en cela toutes les autres Esglises y doivent contribuer, estant un intérêt qui les regarde toutes en général. Mais quoyque ce soit mon sentiment, je vous prie de vouloir bien prendre la peine d’examiner qu’il n’y a point eu de lettre de moy, que je l’ay refusée à nostre Eglise de Paris dans la considération que j’ay eu de ne point desplaire à celle de Castres. » Il doit y avoir une confusion, car rien de tout cela ne colle avec les autres données dont nous disposons sur Gaches.
[6] Notamment le 5 avril et le 25 mai, lundi de Pentecôte. Par ailleurs, le 2 juin, il prêche à l’ambassade de Hollande à la demande de l’ambassadeur Willem Boreel (1591-1668).
[9] Émile Kappler, Les conférences théologiques entre catholiques et protestants en France au XVIIe siècle, Honoré Champion, Paris, 2011, conférence 144 (p. 768)
[11] Avec ses collègues Isaac d’Albouy, pasteur à Meaux, et Jean Le Sueur (1603-1681) pasteur à La Ferté-sous-Jouarre. A cette occasion, il prononce son sermon La dignité du saint ministère de l’Évangile, qui a été imprimé.
[12] C’est le fils de Claude Sarrau (1603-1651), magistrat et conseiller du roi. Ministre de l’ERF de Bordeaux, Isaac Sarrau préside le synode provincial de Ste Foy en 1681. A la Révocation, il abjure et reste en France, mais il fait sortir du royaume sa seconde femme et ses fils Isaac et Jean, futurs fondateurs de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux. Il garde auprès de lui Charles, son fils issu d’un premier mariage. (Renseignements glanés sur le site http://monflanquin.bastide.free.fr/Sarrau.htm le 10 juin 2021)
[13] Finalement, c’est Alexander Morus (1616-1670) qui remplace Le Faucheur. A ce moment, Mestrezat a déjà été remplacé par Adrien Daillé, fils de Jean Daillé.
[15] Il s’agit de Madeleine de Souvré (1599-1678). Cette conférence ne semble pas répertoriée par Kappler, op. cit.. Elle, et peut-être une autre chez la duchesse de Rohan, est évoquée par Jean Lesaulnier, Port-Royal insolite: édition critique du Recueil de choses diverses, Klincksieck, 1992, 932 p.
[16] O. Douen op. cit., p. 235 : « La date de décembre 1668 donnée par la France protestante est erronée. » Malheureusement, Douen ne dit pas sur quels documents il s’appuie pour l’affirmer.
[17] Les frères Haag donnent une liste qui semble assez exhaustive.
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