Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 12

Sonnet précédent - Sonnet suivant

Sur la jeunesse

 

1                                 Jeunesse, ne suis point ton caprice volage ;
2                                 Au plus beau de tes jours, souviens-toi de ta fin.
3                                 Peut-être verras-tu ton soir dans ton matin,
4                                 Et l’hiver de ta vie au printemps de ton âge.

5                                 La plus verte saison est sujette à l’orage ;
6                                 De la certaine mort le temps est incertain,
7                                 Et de la fleur des champs le fragile destin,
8                                 Exprime de ton sort la véritable image.

9                                 Mais veux-tu, dans le ciel, refleurir pour toujours ?
10                               Ne garde point à Dieu l’hiver qui des vieux jours
11                               Tient, sous ses dures lois, la faiblesse asservie.

12                               Consacre-lui les fleurs de ton jeune printemps,
13                               L’élite de tes jours, la force de ta vie,
14                               Puisqu’il est l’arbitre et l’auteur de tes ans.



Annotations de Drelincourt :

Ligne 1 : Que ta jeunesse soit celle d’un vieillard, c’est-à-dire, qu’elle soit accompagnée de sagesse (dit saint Augustin).

Ligne 6 : Qu’y a-t-il de certain en cette terre que la mort, dont l’heure même est incertaine ? (saint Augustin)

Ligne 8 : Notre vie se flétrit comme une fleur. (le même) Cette fleur se sèche pendant que nous parlons. (Sénèque)

Ligne 12 : La jeunesse est une couronne de roses, disent les rabbins.

 

Télécharger sous format .pdf

Télécharger la version telle que publiée en 1680

 

Retour aux Sonnets chrétiens