Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 17

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Sur le soleil

1                                 Flambeau de l’univers, charmant père du jour,
2                                 Globe d’or et de feu, centre de la lumière,
3                                 Admirable portrait de la cause première :
4                                 Tu fais de la nature, et la joie et l’amour.

5                                 Comme un superbe roi, qui brille dans sa cour,
6                                 Couronné de rayons en ta haute carrière,
7                                 Des portes d’Orient tu franchis la barrière,
8                                 Pour visiter le Gange, et le Pô, tour-à-tour.

9                                 Ainsi, marchant toujours dans ta pompe [1] royale,
10                               Et courant de l’aurore à l’Inde occidentale,
11                               Tu répands en tous lieux ton éclat sans pareil.

12                               Mais si je te compare au Dieu de la nature,
13                               Dont tu es, après tout, que la faible peinture,
14                               Ton éclat n’est qu’une ombre, et tu n’es plus soleil.


Annotations de Drelincourt :

Ligne 1 :           Communément estimé cent-soixante-six fois plus grand que la terre [2].

Ligne 3 :           Un philosophe païen nommé Eudoxe en était si amoureux qu’il souhaitait de le pouvoir contempler de près, quand [4] il lui en eût dû à l’instant coûter la vie, et l’idolâtrie la plus ancienne et la plus universelle est celle du soleil.

Ligne 5 :           Les Orientaux l’appelaient « Bel » ou « Baal » et « Molec », c’est-à-dire roi.

Ligne 8 :           Fleuves, des Indes en Orient et d’Italie en Occident.

Ligne 10 :         On tient qu’en une heure le soleil fait un million de lieues.

 

[1] faste, magnificence

[2] On estime aujourd’hui (2016) que le ratio des diamètres est égal à 109.

[3] même si

 

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