Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 25

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Sur la mer

1                    J’admire, en te voyant, la source dont tu sors,          
2                    Les biens que tu produis, et les biens que tu pilles,         
3                    Et la robe d’argent, dont parfois tu t’habilles            
4                    Lorsque les vents, émus, troublent ton vaste corps.            

5                    Qui pourrait de ton sein compter tous les trésors ?           
6                    De tes divers poissons les nombreuses familles ?        
7                    Les perles, l’ambre-gris, le corail [1], les coquilles,           
8                    Que ton bruyant courroux étale sur tes bords ?           

9                    Surtout, je dois bénir la puissance adorable,          
10                  Qui dompte ta fureur, avec des grains de sable,          
11                  Et dont la sage main ton flux a limité.            

12                  Mais, quand dois-je aborder cette mer pacifique,           
13                  Sans tempête, sans flots, où, dans l’éternité,            
14                  L’on voit ce que la gloire a de plus magnifique ?        

 

Annotations de Drelincourt :


Ligne 4 :      La mer dispute d’étendue avec la terre, et sa profondeur est ordinairement demi-lieue d’Italie, mais elle a des gouffres impénétrables.

Ligne 7 :      Les naturalistes d’aujourd’hui disent que l’ambre gris est un ouvrage commencé par les abeilles, dans les rochers, et achevé par la mer.

Ligne 12 :     Allusion à la mer du sud, nommée « la mer pacifique », et à « la mer de verre » qui est représentée dans l’Apocalypse.

 

[1] Drelincourt écrit « coral ».

 

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