David Martin

(1639-1721)

Une petite biographie


David Martin naît à Revel (Haute-Garonne) le 7 septembre 1639. Son père, Paul Martin, semble avoir été consul de la ville à deux reprises [1]. Sa mère est Catherine Cardes (ou Corde). David a au moins un frère du nom de Pierre.

Il étudie la rhétorique à l’Académie réformée de Montauban [2], puis la philosophie à Nîmes à partir de 1657, sous le célèbre professeur David Derodon (1600-1664). Le 21 juillet 1659, il prend le grade de maître-ès-arts et docteur de philosophie, après avoir soutenu sa thèse avec brio [3].

Se destinant à la carrière ecclésiastique, Martin poursuit ses études à l’académie de Puylaurens [4] (Tarn) où enseignent, entre autres, les professeurs Jean Verdier (1600-1666) et André Martel (1618- ?). Son application extrême aux études, associée au manque d’exercice corporel lui valent alors de sérieux problèmes de santé.

En 1663, le Synode provincial de Mazamet lui confie l’Eglise d’Espérausses (Tarn) qui traverse alors des troubles, qu’il parvient à calmer.

En juin 1666, il se marie à Castres avec Florence de Malecare [5]. Le couple aura cinq enfants : Paul Martin [6], David [7], Louis [8], Marie [9] et Florence [10].

En 1670, Martin est appelé à l’Eglise de Lacaune (Tarn), où il exerce son ministère jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes.

En 1681, le synode provincial lui propose de prendre la suite du professeur de théologie Théophile Arbussi (1613-1681) à l’académie de Puylaurens, mais il refuse cette proposition, tout comme l’invitation réitérée de devenir le pasteur de l’Eglise de Millau (Aveyron).

La situation se dégrade sensiblement en 1685, année de la révocation de l’Edit de Nantes. Le 30 avril, il est décrété « de prise de corps » [11], tout comme ses collègues, les pasteurs de Lacaze et Viane (Tarn) [12]. Le Temple de Lacaune est saccagé par des soldats [13] et fermé le 22 octobre. Martin envisage d’abord de poursuivre un ministère de prédicateur clandestin et itinérant dans la région. Mais la situation devient rapidement intenable ; lorsqu’il est averti par des amis catholiques de son arrestation imminente, Martin prend la fuite [14] et se réfugie aux Pays-Bas [15]. C’est au mois de novembre qu’il arrive à La Haye ; sa femme et ses enfants restent en France, où ils sont cachés par des amis ; ils le rejoignent plus tard aux Pays-Bas.

Dans un premier temps, Martin est placé à l’Eglise d’Utrecht comme « pasteur français réfugié » surnuméraire. C’est Elie Saurin (1639-1703) [16] qui l’installe dans cette fonction.

Le 16 février 1686, il est nommé professeur de théologie à l’Ecole illustre de Deventer (Overijssel), mais la régence d’Utrecht ne veut pas le laisser partir et lui offre un poste comme ministre de l’Eglise wallonne. Son installation a lieu le 11 mars 1688. Martin reste dans cette fonction jusqu’à la fin de sa vie, refusant plusieurs appels comme professeur de théologie, tout comme l’invitation de prendre la succession d’Isaac Claude [17] (1653-1695), fils du pasteur Jean Claude (1619-1687), à l’Eglise de La Haye [18].

Tout en exerçant son ministère pastoral, il reçoit chez lui de jeunes gens pour leur enseigner la philosophie et la théologie [19].

A Utrecht, Martin trouve aussi le temps de rédiger plusieurs ouvrages importants, notamment exégétiques, dont :

Ce dernier ouvrage, parfois désigné comme la « Bible Martin », est une révision de la Bible de Genève, entreprise à la demande des églises wallonnes et approuvée en mai 1710.
Martin publie également trois volumes de sermons :

En 1713, le synode wallon charge Martin et trois de ses collègues (Élie Benoit, Jacques Basnage et Daniel de Superville) de soutenir la cause des protestants français, et surtout celle des galériens et des prisonniers, auprès des plénipotentiaires réunis pour la signature du traité d’Utrecht (le 31 mars). La commission échoue dans sa mission et le fait savoir au synode de Bois-le-Duc (le 11 mai), mais peu de jours après, bon nombre de forçats huguenots sont néanmoins libérés, à la demande de la reine Anne d’Angleterre [20].

Le jour de ses 82 ans, le 7 septembre 1721, Martin est encore en chaire ; il prêche sur la sagesse de la providence divine. Ayant terminé sa prédication, il est épuisé au point de se faire transporter chez lui. Il meurt deux jours plus tard, des suites d’une « fièvre violente ».


 

Sources principales

 

Annotations

[1] Jean Paul Calvet signale que son nom n’apparaît pas dans la liste des consuls connus de Gustave Doumerc.

[2] Haag situe ces études en 1653, Calvet entre 1655 et 1657, ce qui paraît plus réaliste.

[3] Il semble avoir disserté, pendant toute une journée et en toute improvisation, devant les membres du jury in universam philosophiam, c’est-à-dire en traitant des thèmes philosophiques pris au hasard.

[4] L’académie de Montauban est transférée à Puylaurens en 1660.

[5] C’est une fille de Pierre de Malecare (1617- ?), gentilhomme et avocat à la chambre de l’édit mi-partie de Castres. Nous ignorons son année de naissance ainsi que celle de sa mort.

[6] A en croire Calvet (note 5), il est né en 1668 et resté en France jusqu’après 1690, auprès de son oncle Malecare. Selon le document « L’Estat des enfants que les ministres sortis du Royaume ont laissés », conservé aux Archives de l’Hérault sous la référence C 279 et cité par Camille Rabaud, p. 80s, Paul Martin avait 18 ans quand son père l’a laissé, ce qui pourrait en effet correspondre à une naissance en 1668.

[7] Selon Calvet (note 5), il est né en 1672, resté en France jusqu’après 1690, auprès de son oncle Malecare, puis établi comme marchand à Londres en 1697. Le document cite par Camille Rabaud, p. 80s, indique qu’il avait six ans de moins que son frère Paul, ce qui pourrait faire penser qu’il est né en 1674.

[8] Nous ignorons tout à son sujet.

[9] Calvet (note 6) indique sa date de naissance : le 28 mars 1681 et signale qu’elle a épousé un certain Renouard, marchand à Londres.

[10] Selon Calvet (note 6), elle est née le 5 septembre 1682. Plus tard, elle fait partie de la Société de La Haye pour la défense de la religion chrétienne ; c’est elle qui est victime de moqueries d’Armand Boisbeleau de La Chapelle dans son Babillard, qui ont valu de sérieux ennuis à son auteur.

[11] Le décret « de prise de corps » est un jugement rendu en matière criminelle, qui ordonne qu’un accusé sera pris et appréhendé au corps, si faire se peut, et constitué prisonnier, pour être entendu et interrogé sur les faits sur lesquels le procureur du roi voudra l’entendre.

[12] Archives du Tarn B 241

[13] Selon Camille Rabaud, p. 74, le Temple est saccagé par cinquante soldats, sous la direction du commissaire Barbara. Son mobilier est donné à l’église catholique ; le cimetière voisin du Temple est transformé en jardin.

[14] Tout en fuyant, il prêche encore à Castres, Revel et Puylaurens.

[15] Philippe Corbière, Histoire de l’Eglise Réformée de Montpellier depuis son origine jusqu’à nos jours, Montpellier, Ferdinand Poujol (1861) p. 529ss, reproduit le document « Etat des Ministres et sujets du Roy faisant profession de la R. P. R., qui sont sortis du Royaume avec la permission de Sa Majesté » qui comporte le nom de « David Martin, ministre de La Caune ». Le pasteur aurait donc quitté la France avec la permission du roi.

[16] A ne pas confondre avec Jacques Saurin (1677-1730).

[17] Calvet (note 14) précise qu’à la mort d’Isaac Claude, Martin prend la tutelle de son fils Jean-Jacques, alors âgé de 11 ans, et s’occupe par la suite de sa formation à l’Académie d’Utrecht. Après avoir commencé un ministère pastoral en Angleterre, Jean-Jacques meurt au cours d’une épidémie de variole à l’âge de 28 ans.

[18] Notons qu’il y a prêché au moins une fois, à savoir le 21 novembre 1685, à l’occasion d’un jour de jeûne.

[19] Haag signale qu’il « eut l’honneur de compter parmi ses disciples des fils même de souverains » ; Calvet croit savoir qu’il s’agit de princes hollandais.

[20] Voir O. Douen, Les premiers pasteurs du désert (1685-1700), Paris, Grassart, 1879 p. 241, note 2, qui précise : « Cet heureux résultat était dû aux efforts du marquis de Barjac-Rochegude, qui, malgré son grand âge, quitta Utrecht pour aller dans toutes les cours du Nord demander des lettres, qu’il porta lui-même à la reine d’Angleterre. »

 

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