Jacques (ou, plus précisément, Jaques) Saurin est né le 6 janvier 1677 à Nîmes (France). Son père, Jean Saurin (1632-1705) y exerçait la profession d’avocat. Sa bonne connaissance des belles-lettres lui avait valu d’être nommé secrétaire de l’académie royale de Nîmes.
En 1686, suite à la révocation de l’Edit de Nantes, Jean Saurin, sa femme, Hippolyte de Tournière, et leurs trois fils (Jaques (9), Louis (6), Marc-Antoine (2) ; leur fille Anne-Marie est né en 1688) quittèrent la France pour se réfugier à Genève.
C’est en 1692, à l’âge de 15 ans, que le jeune Saurin fut admis comme étudiant à l’Académie de Genève. Avant d’être admis comme étudiant en théologie ou en droit, il fallait alors passer quatre années d’études des belles-lettres et de sciences.
Ses études furent interrompues en 1694 quand Saurin décida de servir comme volontaire dans le régiment de Lord Galloway qui faisait partie des troupes du duc de Savoie, opposée à Louis XIV dans la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Saurin semble s’être distingué par son courage ; s’étant emparé d’un drapeau sur le champ de bataille, il fut nommé enseigne.
Saurin quitta les armes après la signature des Traités de Ryswyk en 1697 et revint à Genève pour reprendre ses études. Admis comme proposant, il s’investit à fond dans ses études, sous la conduite des professeurs Louis Tronchin, Bénédict Pictet, Antoine Léger, Vincent Minutoli et Jean-Robert Chouet, mais surtout Jean-Alphonse Turretin, qui a exercé une influence majeure sur Saurin est lui est resté attaché toute sa vie.
Ses talents de prédicateur furent vite découverts ; dès sa première prédication publique, en 1698, la foule se pressait autour de l’auditoire.
Le 5 juillet 1700, Saurin termina ses études avec la plus haute distinction (le « témoignage fort honorable » de la Compagnie des pasteurs de Genève).
Dès le mois d’août de cette année, Saurin quitta Genève pour se rendre à Amsterdam où il reçut un accueil très enthousiaste. Mais la jalousie de certains confères semble l’avoir empêché d’obtenir un poste et il partit pour l’Angleterre.
En 1701, Saurin fut nommé pasteur dans le petit temple francophone de Leicester Fields à Londres.
En 1703, il épousa Catherine Boitoult. Ce mariage semble avoir été une source d’amertume pour Saurin. Cinq enfants (Philippe, Antoine, Jeanne-Isabelle, Jacques-Antoine et Guillaume-Sicco) sont nés dans ce foyer entre 1707 et 1724.
Le jeune pasteur aspirait à autre chose que son ministère londonien. Sa santé semble aussi avoir souffert du climat de la ville.
En 1705, il était invité à La Haye où ses prédications eurent un succès prodigieux. On cherchait à conserver le prédicateur; comme il n’y avait aucune vacance, on créa une nouvelle charge ecclésiastique (« Ministre des nobles ») pour lui.
Saurin a conservé cette position – qui l’obligeait à prêcher une fois par mois – jusqu’à sa mort. Sa situation financière semble avoir été plutôt précaire, du moins jusqu’en 1713.
La santé de Saurin semble s’être dégradée dès 1715.
En 1722, Saurin publia son catéchisme, que toutes les Eglises wallonnes adoptèrent.
C’est en 1726 que Saurin semble avoir contracté une maladie des poumons, en prodiguant des soins pastoraux à une malade. Se croyant guéri, Saurin fut victime d’une violente attaque en 1728 et se voyait par la suite souvent obligé de suspendre ses fonctions pastorales et ses études.
Ses idées tolérantes lui valurent des critiques et son énorme succès suscitait des jalousies tenaces. Saurin était notamment vivement attaqué par les pasteurs Armand de la Chapelle et Huet qui lui livrèrent une véritable guerre pendant deux années (1728-1730). Cette affaire semble l’avoir profondément atteint.
Au mois de décembre 1730, une nouvelle crise de santé se déclara ; Saurin mourut le 30 décembre 1730, quelque jours avant son 54e anniversaire.
Il laisse derrière lui la réputation d’avoir été un prédicateur exceptionnel, ainsi une collection importante d’écrits, dont
Source principale : J. Gaberel et E. des Hours-Farel, Jaques Saurin. Sa vie et sa correspondance, Genève, J. Cherbuliez, 1864, 227 p.