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1 Quand, des yeux de la foi, je vois le premier âge,
2 Où tu formas de l’homme, et l’esprit et le corps,
3 Je te bénis, Seigneur tout-puissant et tout-sage,
4 Qui dans ce composé versas tant de trésors.
5 Ce fut-là ton chef-d’œuvre, et ton plus noble ouvrage,
6 Dont le rare artifice, et les nombreux ressorts,
7 Expriment clairement les traits de ton image,
8 Et causent dans mon cœur de célestes transports (§).
9
Eternel, si dans moi ton image est empreinte,
10 Qu’admirant ton pouvoir je profite en ta crainte (†) ,
11 Et je t’offre les vœux de ma fidélité.
(§) transport : mouvement violent d’une passion, qui nous met, nous transporte, en quelque sorte, hors de nous-mêmes ; en français moderne, on parlerait peut-être d’élan
(†) je fasse des progrès dans la crainte (de Dieu)
Annotations de Drelincourt :
Ligne 2 : Galien dit qu’en reconnaissant Dieu pour l’auteur de toute la belle économie de notre corps, il est assuré de lui chanter une hymne beaucoup plus agréable que ne lui seraient toutes les victimes et tous les parfums.
Ligne 9 : Allusion au mot de Jésus-Christ (Rendez à César etc.), c’est-à-dire (selon saint Augustin) César exige de vous cette impression de son image, et Dieu vous demande l’impression de la sienne, qui est votre âme, dans son essence, dans ses facultés et dans ses habitudes.
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