Sonnet précédent - Sonnet suivant
1 Ouvrages merveilleux du Dieu de la nature,
2 Hauts cèdres, dont le front s’élève jusqu’aux cieux,
3 Basse hysope, arbrisseaux, baume, encens précieux,
4 Et de l’herbe des prés éternelle verdure ;
5 Parterres émaillés, vivante enluminure,
6 Qui charmez l’odorat, en ravissant les yeux ;
7 Fils de nature et d’art, jardins délicieux,
8 Plantes pour la santé, fruits pour la nourriture ;
9 Vos beautés, il est vrai, présentent à mes sens,
10 Par la bonté du ciel, des plaisirs innocents.
11 Mais à l’instant, je songe au sort du premier homme :
12 Je vois le triste objet du jardin plein d’appâts,
13 Où le poison mortel de la fatale pomme
14 Saisit le cœur d’Adam, et causa son trépas.
Annotations de Drelincourt :
Ligne 2 : On a vu dans la Nouvelle Espagne un cèdre qui tenait mille hommes à l’ombre sous ses branches.
Ligne 13 : Le fruit défendu à Adam s’appelle communément « une pomme ». Mais on ne sait pas précisément ce que c’est. Il y en a qui tiennent que ce pourrait bien être ce beau et délicat fruit des Indes que l’on nomme « figue d’Adam » ou « pomme de paradis », qui, étant coupé, montre la figure d’une croix et qui a des feuilles de plus d’une aune. Ce qui donne lieu à diverses considérations.
Télécharger la version telle que publiée en 1680