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1 Quoi, sort-il tant de feux, de rayons, de lumières
2 D’un si froid, si grossier et si noir élément ?
3 Et tant d’astres, naissant dans ces sombres carrières,
4
Font-ils donc de la terre un second firmament ?
5 Minéraux éclatants, terrestres luminaires,
6 Dont la tête des rois brille superbement,
7 Je ne puis vous conter que pour des biens vulgaires,
8 Et pour moi, votre éclat n’est qu’un faible ornement.
9 Invisible soleil ! qui donnas l’être au monde,
10 Viens former dans mon cœur, par ta vertu féconde,
11 Pour célestes joyaux, l’espérance et la foi.
12 Mais que, cessant un jour d’espérer et de croire,
13 J’obtienne dans ton ciel, et possède avec toi,
14 La couronne sans prix des rayons de ta gloire.
Annotations de Drelincourt :
Ligne 2 : Les minéraux se produisent dans les entrailles de la terre, où, avec le temps, ils croissent et se forment, par la vertu du soleil et des autres planètes.
Ligne 7 : Le commun peuple, et les chevaux, en sont ornés, au pays où en sont les mines. Mais Nonius, sénateur romain, estimait tant son opale qu’il aima mieux s’exposer à perdre la vie que de la donner à Antoine.
Ligne 11 : L’émeraude est l’emblème de l’espérance, et le diamant l’est de la foi.
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