Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 31

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Sur la pierre d’aimant

1                    Ce grossier minéral, sous sa noire apparence,
2                    Renferme, dans son corps, une vertu sans prix,
3                    Que le simple et le sage, également surpris,
4                    En viennent de concert admirer l’excellence.

5                    Des siècles précédents la faible connaissance
6                    Son plus rare secret n’avait jamais compris ;
7                    C’est vous, siècles nouveaux, qui nous avez appris
8                    De ce riche secret l’heureuse expérience.

9                    Grand Dieu, qui fis ainsi, par tes puissantes mains,
10                  Sur le vaste océan une route aux humains,
11                  Tantôt pour le commerce, et tantôt pour la guerre.

12                  Mon cœur flotte, et s’égare, en ce bas élément,
13                  Et, comme un poids de fer, il s’attache à la terre.
14                  Que ta loi soit son pôle, et ton ciel son aimant.

 

Annotations de Drelincourt :

Ligne 1 :      L’aimant se tire des mines de fer, noir comme le fer, mais plus dur et plus pesant. On dit que par le moyen du fer, on le peut convertir en un acier très fin.

Ligne 5 :      Les anciens avaient bien connu la vertu qu’il a d’attirer le fer, même au travers d’une muraille, mais ils avaient ignoré son admirable propriété de tourner toujours un certain côté vers le nord, et l’autre vers le sud, et de communiquer cette vertu aux aiguilles des boussoles. On ne sait pas bien le temps de cette découverte.

 

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