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1 Donc, l’astre du jour, diligent et fidèle,
2 Ayant, d’un cours égal, dans ses hautes maisons,
3 Formé les douze mois, et les quatre saisons,
4
Entre, d’un air pompeux, dans une course nouvelle.
5 Et puis la fière mort, avec sa faux cruelle,
6 Menaçant de nos nerfs la faible liaison,
7 Sans écouter, ni vœux, ni plaintes, ni raisons,
8 D’une voix importune, au tombeau nous appelle.
9 Le temps fuit, et s’envole, et d’un rapide cours,
10 Emportant, sur son aile, et nos ans, et nos jours,
11 Il n’en laisse, après soi, ni l’ombre, ni la trace.
12 Je meurs donc, en vivant : mon Dieu, c’est là mon sort.
13 Fais-moi vivre en ta crainte, et mourir en ta grâce,
14 Pour braver, dans la gloire, et le temps, et la mort.
Annotations de Drelincourt :
Ligne 2 : C’est par là qu’un roi du Pérou jugea fort bien que le soleil avait un maître.
Ligne 3 : L’emblème de l’an, parmi les Egyptiens, était un serpent tourné en rond, et mordant sa queue. On dit qu’ils ont les premiers divisé l’an en douze mois. Les quatre saisons, dans les poètes, sont les quatre chevaux attelés au char du soleil.
Ligne 9 : Platon dit qu’il y a deux choses, dont l’une est toujours et ne se fait jamais, qui est Dieu ; l’autre se fait toujours et n’est jamais, qui est le temps.
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