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1 Le bel astre du jour, dans le sein de l’orage,
2 Nous forme, tout à coup, ce lumineux tableau,
3 Et tout à coup, aussi, le couvrant d’un rideau,
4 Il dérobe à nos yeux son inconstant ouvrage.
5 De ce peintre brillant, la toile est le nuage ;
6 Ses rayons réfléchis lui servent de pinceau :
7 Il prend pour ses couleurs l’or, l’azur, le feu, l’eau,
8 Et la vapeur commence et finit cette image.
9 Fragiles ornements, éclat faible et trompeur,
10 Passagères beautés, filles de la vapeur :
11 Des faux biens d’ici-bas vous peignez l’inconstance.
12 Par les mêmes couleurs, et par les mêmes traits,
13 Vous imprimez la crainte, et donnez l’espérance,
14 Vous annoncez la guerre, et vous marquez la paix.
Annotations de Drelincourt :
Ligne 2 : On estime que le diamètre ou l’étendue de ce tableau est de demi-lieue. Il paraît toujours du côté opposé à celui où il se forme, comme on en voit l’expérience au travers d’une fiole d’eau, opposée au soleil. Les Péruviens étaient si charmés de la beauté de cette image, qu’ils l’adoraient, et les Caraïbes insulaires la nomment assez plaisamment « le panache de Dieu ».
Ligne 14 : La guerre est l’orage, et la paix est l’assurance contre le déluge [1] .
[1] Allusion à Gn 9.12-17 où Dieu place l’arc comme signe de la promesse qu’il ne détruira plus le monde par un déluge.
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