Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 24

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Sur les vents

1                    Voix sans poumons, corps invisibles,           
2                    Lutins volants, char[s] des oiseaux,            
3                    Vieux courriers, postillons nouveaux,            
4                    Sur terre et sur mer, si sensibles,            

5                    Doux médecins, bourreaux terribles,            
6                    Maîtres de l’air, tyrans des eaux,           
7                    Qui rendez, aux craintifs vaisseaux,            
8                    Les ondes fières, ou paisibles,            

9                    Vents, qui dans un cours inconstant,            
10                  Naissez et mourez chaque instant,           
11                  Mes jours ne sont qu’un vent qui passe.             

12                  Mon corps fait naufrage en la mort,             
13                  Mais Dieu, du souffle de sa grâce,             
14                  Pousse mon âme dans le port.             


Annotations de Drelincourt :

Ligne 3 :      Ils courent en droite ligne, ou bien ils tournent en rond. L’empereur Vérus donnait à ses courriers les noms des vents, et leur faisait appliquer des ailes.

Ligne 5 :      Il y a des vents agréables et salutaires, comme ceux que l’on nomme « zéphirs ». Mais il y en a d’autres qui sont cruels et meurtriers, comme ces vents du Pérou qui font vomir jusqu’au sang, et qui tuent subitement. C’est pourquoi les païens sacrifiaient aux vents, pour se les rendre favorables.

 

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