Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 6

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Sur la création du monde

Bonté du Créateur

 

1                                 Seigneur, n’avais tu pas, de toute éternité,
2                                 Sur ton auguste front, un pompeux [1] diadème ?
3                                 Et ne vivais-tu pas, dans ta grandeur suprême ?
4                                 Revêtu de lumière et d’immortalité ?

5                                 Quel bien te manquait-il, dans ta divinité ?
6                                 Ton pouvoir, ton bonheur, n’était-il pas extrême ?
7                                 Et ne trouvais-tu pas, sans sortir de toi-même,
8                                 Tes délices, ta gloire et ta félicité ?

9                                 Mais qui te porta donc, ô puissance très-sage,
10                               A tirer du néant ce merveilleux ouvrage,
11                               Cette basse machine, et ce haut firmament ?

12                               C’est ta seule bonté qui fit la créature :
13                               Tu voulus, Dieu très-bon, marquer en la formant,
14                               Sur l’œuvre de tes mains les traits de ta nature.

 

Annotations de Drelincourt :

Ligne 5 : C’est pourquoi Dieu se donne en sa Parole le nom admirable de shaddai, qui ne signifie pas seulement « tout-puissant et invincible » mais « celui qui suffit à soi-même » et dont l’abondance se répand sur toutes les créatures.

Ligne 7 : Avant le monde Dieu était lui-même son occupation et sa gloire (Min. Félix). Avant toutes choses, Dieu était à soi-même, et monde, et lieu, et toutes choses (Tertul.).

[1] qui a de la magnificence, de l’éclat

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